Comme si de rien n'était
Comme si de rien n’était
Comme si de rien n’était, j’ignore le jour d’aujourd’hui, les fantômes d’hier et les rides de demain. Je suis comme je suis, mon sac est léger et je vais tranquillement.
On dit que ça brûle un peu partout, va-t-il falloir que je me cache ? Je tiens à cette vie.
Un jour je vais à droite, un jour je vais à gauche, je ne sais pas pourquoi. Qu’est-ce qui me pousse sur ce chemin ?
Qu’est-ce qu’il y a dans cette vie qui me semble agréable ? Toutes ces petites choses qui me réjouissent d’aise, le pain du boulanger, quand il est encore chaud, un café sur le zinc, un rayon de soleil, une goutte de pluie.
Je me sens bien et pourtant ça brûle autour de nous. Qu’ont-ils tous à se battre, je ne demande rien et reste sur mon banc à compter les chalands. Je n’ai pas de portable, c’est moins lourd à porter. Je me sens libre, sans désir ni secousse, comme un lézard qui bulle.
Une miette imprévue et je me sens tout chose, mais qu’ont-ils donc tous à se battre, on se croirait revenu au temps des guerres de religions. Enfin, les guerres de religions que j’imagine, ça ne devait pas être drôle tous les jours. J’espère qu’on n’en est pas encore là. Et pour qui je serai ? Moi, je suis plutôt blanc, mais un peu basané sur les bords. Question religion, j’hésite, un Dieu, deux Dieux ou pas du tout, il va falloir se décider, porter un foulard ou une croix, et si c’était ni l’un ni l’autre.
Le Président, il a parlé. Il ne faut plus discriminer, il faut aimer, surtout ceux qu’on n’aime pas.
Ma voisine de palier, je vous le dis, je l’aime bien, je vais l’aimer encore un peu plus.
Et voilà comment ça tourne dans mon bastringue. A propos, il paraît que ça ne brûle plus. Il y a des gens à qui ça va manquer, ces belles images en couleurs, qui éclatent comme des feux d’artifices, qui bougent comme au cinéma, et qui ressemblent à la réalité.
Moi, je ne les ai pas vues, alors je m’en passerai, tout simplement, comme si de rien n’était.